Aller au contenu principal

Publié le · 3 Min. de lecture

La Mutuelle Familiale

Le Blog de la Mutuelle Familiale

La Mutuelle Familiale

Manger mieux : les enjeux de l’alimentation biologique avec le docteur Laurent Chevallier

  • Santé
  • Santé environnement

« On peut passer d’une alimentation conventionnelle à une ALIMENTATION BIO tout en réduisant son budget »

Du 20 au 30 mars a lieu la Semaine pour les alternatives aux pesticides, dont La Mutuelle Familiale est partenaire. L’occasion de faire le point sur les enjeux de l’alimentation biologique avec le docteur Laurent Chevallier, médecin nutritionniste attaché  au CHU de Montpellier et coauteur avec Claude Aubert  du livre « Faites votre révolution alimentaire ! ».

Manger bio, un vrai bénéfice  pour la santé ? 

Docteur Laurent Chevallier : D’après l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), il y a de fortes présomptions concernant les effets des résidus de pesticides sur l’émergence de nombreuses maladies dans la population, comme le lymphome non hodgkinien, le cancer de la prostate, la maladie de Parkinson ou les troubles cognitifs (1). D’autres études tendent à montrer une baisse de la mortalité chez les personnes qui ont une alimentation sans résidus de pesticides par rapport à celles qui consomment des produits conventionnels, même si leurs  teneurs en résidus sont en dessous des seuils autorisés (2). 

Et des éléments scientifiques alertent sur le fait que le glyphosate pourrait favoriser les morts fœtales in utero. Donc, manger bio est pertinent pour préserver sa santé en diminuant son exposition à une multitude de produits chimiques. De plus, les aliments biologiques présentent une meilleure densité nutritionnelle (3), ils ont moins d’additifs autorisés, pas de nanoparticules. Enfin, cela protège l’environnement, donc la santé des populations

Est-ce qu’une agriculture  sans pesticides serait possible ? 

Dr L. C. : D’après l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), on pourrait se passer de pesticides d’ici à 2050 ! Il existe plusieurs scénarios crédibles. Certes, l’agriculture biologique a un  rendement classiquement annoncé comme moindre par rapport à la conventionnelle d’environ 20 %. Mais en faisant évoluer les techniques (avec la rotation des cultures, en cultivant des légumineuses pour apporter de l’azote, en recyclant les matières organiques, par exemple), cette baisse pourrait être réduite à 9 %. De plus, certains coûts pour la société ne sont pas comptabilisés dans l’agriculture conventionnelle : dépollution des eaux, dépenses de santé dues aux effets des pesticides, prix de production de ces derniers ainsi que de celle des engrais. Cela représente des dépenses indirectes faramineuses que tout le monde paie, et des coûts humains incalculables du fait des maladies.

Mais est-ce que consommer bio ne coûte pas plus cher ? 

Dr L. C. : Dans mes consultations, j’accompagne des personnes qui peuvent avoir un tout petit budget, des bénéficiaires de la CMU, par exemple. Pour aller progressivement vers une alimentation bio, je leur conseille de commencer par les œufs, les yaourts et les carottes. Elles s’aperçoivent alors que l’impact sur leur  budget alimentation est limité et, petit à petit, elles enrichissent la gamme de produits bio qu’elles se procurent. L’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a même montré qu’en modifiant ses habitudes alimentaires, on peut passer d’une alimentation conventionnelle à une alimentation biologique tout en réduisant son budget ! C’est très encourageant.

Comment faire pour manger bio avec un budget limité ? 

Dr L. C. : Première chose : éliminer tout ce qui est superflu et issu de l’agrobusiness, avec des graisses et des sucres ajoutés, comme les biscuits, viennoiseries, sodas, etc. Ces produits  sont coûteux et, selon les quantités consommées, mauvais pour la santé. On peut les remplacer par des gâteaux faits maison, des fruits secs, de l’eau, des fruits pressés ou des  tisanes que l’on prépare soi-même. De même pour les plats préparés qui sont certes très pratiques, mais dont le rapport qualité-prix n’est généralement pas favorable. Deuxième aspect : il faut éviter le gaspillage, car un tiers de la production mondiale est jeté. En France, les ménages sont responsables de 42 % de ces déchets alimentaires. On peut également cultiver ses légumes ou faire des cueillettes de plantes sauvages comme les pissenlits (faire attention à les ramasser loin des routes et demander à son pharmacien si on a le moindre doute, comme pour les champignons). On peut ensuite diminuer la consommation de protéines d’origine animale et compenser par des protéines végétales. Leurs coûts sont très différents : 0,25 euro en moyenne pour 15 g de protéines issues de lentilles et jusqu’à 2,30 euros pour 15 g de protéines issues de la viande et du poisson. Actuellement, 60 % des protéines consommées sont d’origine animale et 40 % pour le végétal, grâce aux légumineuses, par exemple. Ce rapport est susceptible d’être inversé. Enfin, on peut éviter les fruits et légumes hors saison et exotiques, aux impacts financiers et environnementaux élevés, au profit de produits de saison et locaux. Et les légumes traditionnels, comme les choux, les carottes, les oignons ou encore les potimarrons sont souvent peu chers. 

Existe-t-il d’autres leviers pour diminuer la présence de produits chimiques dans l’alimentation ?

D r L. C. : On peut limiter les ustensiles de cuisine avec un revêtement antiadhésif, l’inox est le plus sûr. Et également se détourner des emballages en plastique, car certains se dégradent  faci lement et les molécules se retrouvent dans les aliments. De plus, ils polluent la planète. Enfin, préférer le vrac, les produits non transformés et, si besoin, ne prendre que des conserves en bocaux. 

Propos  recueillis par L. C

A lire : Faites votre révolution  alimentaire !, éditions Fayard, 2024. 

1. INSERM

2. sciencedirect

3. La densité nutritionnelle représente  la teneur en nutriments (vitamines, minéraux…) par rapport  aux calories que contient un aliment. 

La Semaine pour les alternatives aux pesticides

Du 20 au 30 mars, 500 événements sont organisés chaque année, en France et à l’étranger, pour montrer qu’il est possible de se passer des pesticides. 

Toute l'actualité

Ces autres articles pourraient vous intéresser.

  • MaPathoPlus
    • Votre mutuelle
    • Santé
    • Ma complémentaire de vie

    Maladies chroniques : La Mutuelle Familiale s'associe à Mapatho pour vous donner accès à des services sur-mesure & personnalisés selon vos besoins.

    La Mutuelle Familiale

    La Mutuelle Familiale

    16/01/2025

  • enquête 2025 - FNMF
    • Votre mutuelle
    • Militantisme
    • Santé

    Protéger la santé des personnes avec responsabilité, solidarité et équité.

    La Mutuelle Familiale

    La Mutuelle Familiale

    20/12/2024

  • Signature Somme, Amiens
    • Votre mutuelle
    • Santé

    Une mutuelle solidaire pour les habitants de la Somme et d'Amiens

    La Mutuelle Familiale

    La Mutuelle Familiale

    28/11/2024